Essaouira , jadis le plus riche comptoir commercial du Maroc , a vu sa situation économique faiblir le long du 19éme et 20éme siècle pour mériter au début des années 70 le nom de « ville a vendre ».
L’arrivée dans les sphères du pouvoir de certaines personnes « originaires » d’Essaouira, toutes confessions confondues, allait donner à la population d’Essaouira des espoirs de lendemains sans commune mesure avec l’état de pauvreté qui s’est installé parmi eux.
La campagne de promotion de la ville d’Essaouira n’a abouti en fin de compte qu’a la création de quelques unités touristiques employant quelques smigars locaux et l’enrichissement de courtiers immobiliers grâce au nombre impressionnant de cessions de maisons de la médina à des étrangers à tel point qu’Essaouira est aujourd’hui qualifiée de « ville vendue» .
La plupart des cessions immobilières se fait par des étrangers résidents ou non utilisant le Web ou effectuant des cessions à l’étranger. Les maisons acquises sont généralement transformées en riads ou maisons d'hôtes à titre informel et louées souvent à partir de l’étranger.
La population rurale de la province étant l’une des plus pauvres du Maroc ne cesse de migrer vers les villes avoisinantes et aussi vers Essaouira ou elle découvre une pauvreté encore plus grande car souvent doublée de débauche .Cet exode rural est compensé en nombre , par l’exode des citadins soit pour poursuivre des études supérieures soit à la recherche d’un travail , d’une clientèle plus solvable ou même d’un conjoint ; les migrations des hommes ayant crée d’autres déficits .. .
Plusieurs unités industrielles ont fermé leurs portes ajoutant des centaines de personnes aux foules démunies, analphabètes et sans qualification.
L'orientation tout azimuts vers le tourisme a fait oublié aux responsables locaux la programmation d'une zone industrielle ou même d'un complexe artisanal regroupant des artisans dont le nombre se réduit paradoxalement au fur et à mesure de la croissance du secteur touristique .
La classe moyenne qui attendait les retombées de l'essor du tourisme a vu son pouvoir d'achat faiblir avec la flambée des prix de l'immobilier et autres produits ; tandis que les fonctionnaires nouvellement affectés à Essaouira sont plutôt confrontés à l'absence de l'offre du locatif générée par le phénomène du loyer à la nuitée ou même à la fraction de nuitée !
Il n'est pas demandé d'être fin observateur pour découvrir qu'Essaouira est profondément pauvre et que la richesse apparente a des origines suspectes, soit spéculatives et frauduleuses à la fois, soit carrément le fruit de blanchiments et d'opérations immorales telles les locations très répandues surtout en milieu urbain, de chambres meublées de corps de jeunes personnes dans le besoin.
Le produit de cessions immobilières y est aussi pour beaucoup. Mais les fortes plus- values immobilières ont été recueillies par des étrangers et ne sont généralement pas réinvesties, si elles sont déjà connues !
Le blanchiment, y compris l'argent de la corruption, même en créant une certaine « animation commerciale », entrave de toute évidence l'investissement productif.
Bien sur qu'il y a des gens loyaux ! Mais ces gens ne seront jamais très riches. Il suffit qu'ils paient les salaires dus, les cotisations salariales et leurs impôts …
C'est ainsi que les rares jeunes entrepreneurs qui ont réussi à monter des affaires sont généralement issus de famille de rentiers .Tandis que pour d'autres entrepreneurs potentiels, toutes les portes leur ont été fermées et le prix de l'acquisition d'un local ou d’un fond de commerce leur est devenu prohibitif.
L'investissement productif marocain et l'essence même de l'INDH ont été sacrifiés pour faire balancer pour la première fois, une frange importante de la population souirie et de sa société civile dans la sphère de la contestation.
Les intellectuels souiris et amis d’Essaouira, ayant constaté la récupération de leur contribution à l’activité culturelle de la ville, ont « boudé »toutes les manifestations et les associations organisatrices.
Le projet d'assainissement liquide qui consiste en la réalisation d’un réseaux des eaux usées doublé d’un centre pour la collecte des eaux de pluie, des stations de pompage et des canalisations nécessaires qui a coûté à la ville d'Essaouira quelques 110 millions de dirhams n'ayant pas abouti , a transformé plusieurs quartiers de la ville en des bidons- villes sans réseau d'assainissement liquide et sans chaussée .Le vieux quartier industriel est en grande partie inaccessible aux véhicules . Certaines erreurs de conception ou de réalisation de la station d’épuration des eaux usées déverse quotidiennement des eaux traitées et non traitées aux portes de la ville.
Le non recyclage des eaux usées a fait que la station Mogador (Plan Azur) et ses terrains de golfe, sont édifiés à base de l’eau potable, déjà insuffisante, destinée à alimenter la population de la ville.
En outre l'infiltration continue du réseau d'eau potable par des eaux usées fait d'Essaouira une ville sinistrée.
Les défaillances de la gestion locale, l'absence des représentants élus et la paralysie du conseil municipal (parfois sciemment provoquée) aggravent la situation déjà précaire d'une population qui ne demande plus qu’a vivre les conditions du temps où Essaouira était une « ville à vendre ».
M .Amine SOUFFER.
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